Dunkeld et ses héros

Dans la grisaille du petit matin nous quittons Edimbourg et la belle échancrure faite par le fleuve Forth avec ses 3 ponts. Nous franchissons le dernier construit, c'est un pont à haubans, sur la droite, le pont ferroviaire , de "type cantilever" avec sa grande enjambée sur le fleuve. Il serait le deuxième du monde quand à sa portée libre. ☞ La photo ci-contre est une capture d'écran tirée de l'article mis en lien. Le pont est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO

À bord de notre bus, pas question de terminer notre nuit, le micro est réparé depuis hier après-midi et notre accompagnateur, John, a des choses à raconter. Habitué des groupes américains, il nous accueillera  toujours avec les phrases positives des militaires  du genre "Ce fût un honneur de vous servir" Ce sera, avec son érudition, "sa marque de fabrique": sympa! Nous aurons le récit de la saga Ecossaise racontée avec humour : mon carnet de notes en témoigne. En bon prof, il saura laisser des incitations à recherches... que j'aurai le plaisir de partager au fil des pages de ce blog...dans la mesure de ce que j'aurai capté !

Premier stop à Dunkeld, charmant village aux rues fleuries. Nous sommes à 160 km au sud d'Inverness, dans les Higlands, ça sent le mouton et la tourbe, la rivière Tay en témoigne par sa couleur brun-rouge. Dunkeld attribue sa fondation à un personnage mythique, Constantin Fergus, vieux Roi des Pictes. (on a déjà fait connaissance avec ces guerriers qui se peignaient la tronche en bleu).       

Cette petite ville est située dans une zone prisée par les écrivains. La tragédie de Macbeth de Shakespeare s'inscrit dans ces paysages. Tolkien et son célèbre "seigneur des annaux"y aurait également puisé l'inspiration en particulier pour la destruction d'Isengar. 

La Fontaine votive "Atholl Memorial"   construite en l'honneur de George Murray.  Le 6ème Duc  George Augustus Frederick John Murray a fourni de l'eau courante à la ville. Jusque-là, les habitants devaient puiser de l’eau dans la rivière Tay. À sa mort, les habitants reconnaissants ont payé pour un mémorial  = la fontaine. Hommes et chevaux devaient pouvoir s'y abreuver. Au centre sous la coupe et la tête de lion, la vasque pour les humains. À gauche, au sol, le bassin pour les chevaux.

Le duc était un chevalier du chardon (L’ordre du Chardon est un ordre de chevalerie écossais, institué le 6 juin 1687, par le roi d’Angleterre Jacques II et roi d'Écosse sous le nom de Jacques VII, qui régna sur les deux pays de 1685 à 1689. (Source =Wikipédia)  Les sculptures sont inspirées du titre de Frederick John Murray : Grand Maître Franc-Maçon d'Ecosse et reprennent de nombreux symboles maçonniques.

Pour les passionnés d'histoire, la vie mouvementée de John Murray et ses batailles avec les Jacobites.☞

Le ciel a changé de robe et s'est mis au bleu. Tout un chacun en profite pour peaufiner son reportage photo, dont moi, et les paroles de John s'envolent  au gré des vents...je n'ai rien entendu...tout au plus une histoire de trésor...désolée, vous n'en saurez pas davantage.

Dunkeld est surtout connu grâce à sa cathédrale qui fut la plus importante d'Ecosse 

La cathédrale abritera sous les marches de l'autel les reliques de St Colomba (ne pas confondre avec St Colomban) Ces reliques avaient été déplacées de l'abbaye de Iona pour les mettre à l'abri des attaques régulières des Vikings. Un remarquable film d'animation destiné aux enfants (mais que les grands comme moi apprécient) en lien avec le manuscrit de Kells, fera mention de ces raids destructeurs...l'info viendra en son temps. Les reliques de Saint Colomba sont restées à Dunkeld jusqu'à la Réforme protestante en 1560, date à laquelle elles seront transférées en Irlande. 

Le site est devenu une terre sainte depuis environ 730 après JC, lorsque des missionnaires celtes auront  construit le premier monastère. Le développement majeur a eu lieu en 848, lorsque Kenneth MacAlpin, alors roi des Écossais et des Pictes,(royaume acquis par traitrise, selon une légende médiévale) reconstruisit  l' édifice en bois rouge. La croix de pierre en provenance de ce monastère fait partie des pièces exposées dans le musée de la cathédrale.→

L'histoire de la trahison de K. MacAlpin fera partie du récit de la saga Écossaise racontée par John. Ci-dessous  la même histoire sur l'encyclopédie en ligne Wikipédia. "

Les sources relatives à l'accession de Kenneth MacAlpin à la royauté des Pictes sont rares et suspectes.

Les deux principales, la Prophétie de Berchán et De instructione principis, notent qu'en 841 Mac Alpin aurait attaqué les restes de l'armée pictes décimée par les païens en 8391 et les aurait vaincus. Mac Alpin invite ensuite le roi des Pictes nommé Drest, et les nobles pictes survivants à Scone afin de régler la question de la liberté du Dál Riata ou de réclamer pour lui-même la couronne de Dal Riada.

Face à MacAlpin récemment victorieux dans le sud et avec sa propre armée décimée dans le nord, Drest, ainsi que tous les prétendants au trône picte des sept maisons royales assistent à cette réunion à Scone. La légende veut que les Scots se soient présentés secrètement armés à Scone, où Drest et les nobles pictes ont été massacrés.

Giraldus Cambrensis détaille dans De Instructione Principus comment un grand banquet a lieu à Scone, et comment le roi des Pictes et ses nobles sont complètement ivres. Une fois les Pictes enivrés, les Gaels ayant retiré les boulons assurant la solidité des bancs, piègent les Pictes en les précipitant dans des fosses creusées dans la terre et dissimulées sous les bancs, où des pièges avec des lames tranchantes ont été dissimulés, afin que les Pictes chutent et s'empalent2. La Prophétie de Berchán évoque aussi cet épisode et indique que Mac Alpin « creusera la terre, art puissant, semée avec des lames meurtrières et qu'il s'ensuivra le pillage et la mort »3. Pris au piège et incapables de se défendre, les Pictes survivants sont de fait ensuite assassinés par le haut et leur corps, leurs vêtements et ornements sont pillés.

À la suite de cet événement, Kenneth MacAlpin devient le souverain des deux royaumes, s'appuyant peut-être sur son ascendance maternelle pour établir ses prétentions au trône de « Pictavia » et héritant du Dál Riata de son père. Il fusionne les deux en une seule monarchie le futur royaume d'Alba."  

Profanations et destructions n'ont pas épargné le sanctuaire. L'époque de la "Réforme" et l' aversion pour la tutelle papale ont apporté quantités de destructions. Mais que dire des guerres liées au soulèvement des Jacobites! ☞ 

Le sanctuaire est composé de deux moitiés très distinctes : D'une part une église paroissiale avec sa nef et le musée attenant. À l'ouest le clocher et la salle capitulaire sont en ruines.

Le 21 août 1689 la Bataille de Dunkeld verra la destruction d'une partie de la cathédrale. 

En bref, après la victoire des jacobites sur le site de Killiecrankie, les protagonistes se retrouvent à Dunkeld. La ville n'est pas fortifiée. L'armée de Guillaume d'Orange est commandée par le lieutenant colonel Cleland. Il donne à ses troupes l'ordre de prendre position dans la cathédrale et dans les environs de la demeure du Marquis d'Atholl pour y attendre l'offensive jacobite. Ces derniers font le choix de prendre position dans les maisons avoisinantes. Ils se tirent dessus quatre heures durant. Les tireurs anglais, à court de munitions, arrachent des parties en plomb du toit de la cathédrale pour continuer à faire feux. Le colonel Cleland sera tué pendant la première heure de l'offensive. La bataille verra la victoire des anglais avec une charge forçant les jacobites à la retraite. Le colonel Cleland a son tombeau dans la cathédrale.

 
La nef et le porche sont laissés sans couverture depuis cette époque laissant le lieu empreint de nostalgie. Portées sur les ailes des oiseaux, les âmes des guerriers pleurent leur jeunesse sacrifiée.

Le mur de la nef détruite, et l'ancien cimetière côtoient la rivière Tay protégée par un rideau de conifères. Le soleil glisse quelques rayons obliques entre les branchages, et s'arrête sur une tombe viking rappelant la coque d'un bateau. Cela ajoute au mystère de ce site émouvant ou bruissent encore les échos des batailles, les fracas des armes, les cris des blessés et les plaintes des mourants.

En partie reconstruite, la nef date de 1447 . Le grand vitrail "Great East Window" est de 1908. Il reprend les vertus cardinales : prudence, force, justice, tempérance et les vertus  théologales : foi, espérance et charité. Au registre inférieur, des bergers regardent l'armée des anges menée par les archanges et St Colomba s'adressant à ses fidèles.

La visite du musée attenant retiendra notre attention. 

←La croix en bois du monastère construit en 570 : ça date! Le coussin du régiment n'est pas de la même époque "of course".

Une "pierre Picte" encore un artefact inconnu (de moi)! Ces pierres se trouvent en Écosse, principalement dans la région des Highlands. Il s'agit du témoignage le plus visible de leurs constructeurs : les Pictes, elle date de l'an 800. Le but et la signification des pierres sculptées ne sont pas encore bien définis. Certains pensent qu'elles servaient de monuments commémoratifs, où les symboles indiqueraient l'appartenance à des clans, la lignée ou la parenté. Il est plus probable que ces pierres représenteraient des cérémonies et rituels anciens comme ici "la pierre aux apôtres. -ref = wikipédia et aussi une page internet intéressante sur ce sujet☞

Toujours dans le musée (mais pas de photo) le tombeau du "Loup de Badenoch" comme l'indique son nom, ce n'était pas un rigolo. Alexandre Stuart (1345-1405) comte de Badenoch, fils du roi d'Écosse Robert II, qui incendia, entre autres, la cathédrale d'Elgin après celle de Forres, puis l'abbaye de Pluscarden, pour se venger de son excommunication suite à la répudiation de son épouse pour se marier avec sa maitresse.  La légende raconte qu'il serait mort une nuit d'orage. Ce soir là, le diable venu sur un cheval noir, l'aurait défié aux échecs. Alexandre a perdu, le diable a pris sa vie et son âme en récompense. ☞ Il y a une photo dans le lien.

Ces marques, ces stries sur des pans de murs dans le petit musée : je ne sais pas ce que c'est. Il y a aussi des dalles du sol avec les mêmes marques, elles sont visible sur la photo de "la pierre des apôtres" Le mystère reste entier!

Ci- contre, une pierre gravée : un chevalier sur son destrier.

J'ai arpenté le pont, les vues sont superbes. Josy et Coco se promenaient au bord de la rivière et se faisaient photographier comme des midinettes en goguettes ...j'ai les preuves! Finalement, c'est depuis la terrasse d'une guinguette que j'ai préféré immortaliser l'instant.

Et d'instant en instant, le sablier du temps s'est écoulé. Le moment est venu de retrouver notre carrosse. Tout près du parking, une construction inattendue me fait penser à un décor du film : Harry Potter

Encore un mystère! mais c'est peut-être aussi le délire d'un proprio un peu mégalo, je suis preneuse d'info sur le sujet.

Resto sympa aux décors de l'Ecosse et de ses chasses à courre.

Histoire à suivre dans un prochain article : Un whisky avec glaçons